8/04/2020
La pandémie provoquée par le coronavirus SARS-Cov-2 bouleverse nos vies et notre façon de travailler. À l'Institut, cela se traduit par le recours généralisé au télétravail, sauf pour les personnes chargées de terminer les expériences en cours et d’assurer la maintenance des activités essentielles. Mais cela se traduit aussi par la volonté de nos chercheurs et techniciens de s'impliquer dans la lutte contre le Covid-19.
Quatre doctorants en sciences médicales à l'Institut ont été sélectionnés en réponse à l'appel des Cliniques universitaires Saint-Luc. D'abord pressentis pour aider à l’accueil des patients admis pour suspicion de Covid-19 (tâche qui a depuis été réattribuée à de jeunes médecins généralistes), nos volontaires sont désormais mis à disposition de services en sous-effectif, qui font appel à ceux d'entre eux disposant de la formation adéquate. Certains sont ainsi en attente d'affectation alors que d'autres ont par exemple été appelés par le service où ils avaient déjà travaillé pendant leur assistanat.
Nos volontaires témoignent :"Nous avons été appelés en renfort par l'hôpital de jour d'oncologie des Cliniques Saint-Luc car il est déforcé à cause de quelques médecins malades et d'assistants réquisitionnés pour d'autres tâches. L'ambiance à l'hôpital est tout de même assez étrange et est plus pesante psychologiquement qu'à l'habitude : les couloirs sont presque vides, il n'y a pas la vie habituelle qui anime les lieux, beaucoup de patients et certains soignants sont anxieux notamment à cause du manque de moyens de protection. Bien que nous soyons nombreux à rester sereins, le stress des autres ne peut nous laisser indifférents. S'il y a bien un mot qui résume nos difficultés, c'est INCERTITUDE : nous n'avons pas les moyens de dépister systématiquement tous nos patients, donc on ne sait pas qui pourrait être porteur du virus en dehors des patients hospitalisés et identifiés. On ne sait donc pas où concentrer nos efforts de précaution. On ne sait pas ce qui va se passer la semaine prochaine, car si des soignants tombent malades, l'organisation du service pourrait être modifiée à tout moment. Toute cette incertitude suscite également beaucoup de questions pour nos patients, atteints d'un cancer, qui ont besoin de traitement, et dont les programmes de prise en charge sont modifiés au fur et à mesure des nouvelles mesures. Il règne un petit fond d'anxiété, tout est plus compliqué. " |
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Julie Lesenfants, Alix Devaux, Pierre-Florent Petit et Walther Brochier |
Eleonore Pairet, pédiatre et doctorante en sciences biomédicales et pharmaceutiques à l'Institut, apporte quant à elle son aide à l'ONE (Office National de l'Enfance). Afin de pallier le manque d'assistants, elle participe aux gardes en pédiatrie pendant les week-ends.
Nous avons répertorié et mis à disposition des laboratoires de biologie clinique des Cliniques universitaires Saint-Luc les réactifs et équipements dont ils pourraient avoir besoin pour répondre à une demande accrue de tests diagnostiques. En parallèle, une soixantaine de nos chercheurs et techniciens se sont portés volontaires pour aider à la réalisation de ces tests. Coordonné par Joseph Dewulf et Jean-Philippe Defour, post-doctorants à l'Institut et membres du département des laboratoires cliniques de Saint-Luc, ce renfort vient de débuter.
Les premiers appelés livrent leur témoignage :"L'organisation du travail dans un laboratoire clinique est sensiblement différente de celle pratiquée dans un laboratoire de recherche. Alors qu'en recherche, une même personne participe à toutes les étapes d'une expérience, en clinique le travail est scindé en "modules" confiés à des équipes différentes. La procédure de dépistage du Covid-19 est ainsi divisée en trois modules : le premier consiste en la préparation et l'inactivation des échantillons, le second en l'extraction d'ARN, et le troisième en la réalisation de la qPCR et l'interprétation des résultats. Tous les volontaires sont assignés au second module. L'aspect "protocolaire" est également plus poussé qu'en recherche, chaque réactif utilisé est ainsi numéroté et répertorié. Nous utilisons un protocole manuel sans kit à cause du manque de réactif. Il est moins rapide mais tout aussi efficace. Les kits semblent être réservés aux échantillons de patients hospitalisés et ceux-ci sont traités par l'équipe du laboratoire clinique. Les volontaires sont chargés du dépistage du personnel hospitalier. On s'attend à l'arrivée de nombreux nouveaux échantillons très prochainement, notamment du personnel et des maisons de retraite." |
Dans le tableau ci-dessous, Joseph Dewulf, Jean-Philippe Defour et Anaïs Scohy résument les particularités des types de tests actuellement pratiqués en Belgique tout en soulignant leurs avantages et leurs inconvénients.
Quels sont les tests pratiqués à Saint-Luc ? "À Saint-Luc, on pratique pour l'instant les tests des colonnes 1 et 4, qui permettent d'établir le diagnostic et le pronostic. Les tests de la colonne 2, qui offrent un diagnostic plus rapide, sont en cours de validation et vont débuter dans les prochains jours. Quant aux tests de la colonne 3, qui permettent d'établir si une personne est immunisée, ils vont également débuter prochainement et vont prendre beaucoup d’importance." |